Luc Julia a-t-il menti ? Les témoignages des co-fondateurs de Siri vs. les déclarations de Luc Julia

Dans la réception de ma dernière vidéo (ci-dessus), les aspects liés à Siri ont rapidement pris beaucoup d’importance, bien plus qu’ils n’en avaient dans ma tête quand je préparais la vidéo : à mes yeux, le point crucial était de montrer que Luc Julia racontait « n’importe quoi » lors de son audience au Sénat, et d’élargir en constatant une incompétence plus générale dans son discours au sujet des IA actuelles.

Pour résumer vite fait quelques points principaux : son chiffre fétiche de « 64% de pertinence » asséné en boucle depuis deux ans basé sur un article obsolète portant sur GPT-3.5 dont Julia ne lit même pas l’abstract correctement ; la confusion systématique entre nombre de paramètres et nombre de données qui témoigne d’une mécompréhension profonde du fonctionnement des LLM, qu’il décrit comme une énorme base de données copiant-collant des contenus déjà écrits ; enfin quelques autres énormités comme les « fractales qui sont des équations qui sont des logarithmes ». Et non ce ne sont pas des lapsus excusables : tout ce que je cite de ses interventions (même cette histoire de logarithme) est répété souvent mots pour mots dans différentes conférences, ce sont donc bien des propos délibérément choisis.

Pour moi, le côté très douteux de cette « co-création » de Siri était juste la cerise sur le gâteau d’incompétence, c’est pourquoi je traitais le sujet seulement à la fin de la vidéo après avoir présenté le reste. (Mais cela restait important d’évoquer ce point tant cet élément de son CV est souvent utilisé pour justifier a priori la compétence de Luc Julia : comment pourrait-il confondre nombre de paramètres et nombre de données alors qu’il a co-créé Siri ?)

Au départ, donc, je voulais seulement mentionner le doute raisonnable que devrait inspirer cette qualification (comme celle de « mathématicien ») en soulignant l’absence de référence sur les sources relatives à Siri en anglais. Mais au fur et à mesure de l’écriture et du montage, je n’ai pas pu m’empêcher de creuser cette histoire et je suis rapidement tombé sur des incohérences flagrantes entre le narratif de co-créateur de Siri qu’il développe en interview (où il laisse entendre avoir vendu Siri à Steve jobs, avoir été appelé par ce dernier, avoir développé Siri en interne avant le lancement de l’iPhone 4S…) et des éléments factuels sur son parcours (il n’est arrivé chez Apple qu’après tout cela). Cela me semblait trop intéressant pour ne pas être mentionné. J’ai donc pas mal insisté dessus en fin de compte et ce n’est pas si surprenant que ce point ait beaucoup retenu l’attention.

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Depuis la sortie de la vidéo, les trois co-fondateurs de Siri (les vrais), ont exprimés leur point de vue sur le rôle de Luc Julia et je tenais à présenter ces déclarations dans la mesure où cette remise en cause du narratif de Luc Julia m’a valu beaucoup d’attaques. Un philosophe qui s’en prend à un expert de l’IA, où va-t-on franchement ? Mais on devrait donner au moins un peu de crédit aux personnes qui ont effectivement créé Siri pour juger qui a créé Siri.

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Les trois co-fondateurs de Siri sont, comme l’indique la source ci-dessus, Adam Cheyer, Dag Kittlaus et Tom Gruber. Il n’y a jamais qu’en France que l’on crédite Luc Julia.

Mais tout d’abord, que répond l’intéressé à ma vidéo ? Pour le moment, Luc Julia s’est seulement exprimé dans ce commentaire sur LinkedIn.

Source

Il ne répond donc là que sur les questions relatives à la paternité de Siri en brandissant des brevets qui seraient, selon lui, à l’origine de l’application (brevets dont je parlais déjà dans la vidéo, en posant la question de leur rapport effectif avec Siri : sur ce point, son commentaire n’apporte rien de plus). Mais concernant les multiples interviews citées dans la vidéo où Luc Julia affirme avoir été appelé par Steve Jobs, avoir participé à la vente de Siri, raconte en détail son travail à Apple pour préparer en secret la sortie de l’iPhone 4S intégrant Siri, il ne donne aucune explication : comment ces récits pourraient-ils être exacts alors que son propre CV indique qu’il n’a pas travaillé chez Siri et n’est venu brièvement chez Apple qu’après le lancement de l’iPhone 4S ? Peut-être en saurons-nous davantage quand il s’exprimera à ce sujet.

Qu’en est-il des véritables co-fondateurs de Siri, à savoir Adam Cheyer, Dag Kittlaus et Tom Gruber ? Voici les réactions successives que j’ai pu recueillir ou retrouver depuis la sortie de la vidéo.

D’abord, un mois avant la publication de ma vidéo, Cheyer s’était déjà exprimé sur LinkedIn (en réponse à un post qui critiquait l’audition de Julia au Sénat, eh oui ! Il semble que cela ait été l’intervention de trop).

Source

Sa réponse reprend effectivement la chronologie des origines de Siri telle que je la présente dans la vidéo et va même un cran plus loin : ma vidéo se contentait d’émettre des doutes sur l’importance des brevets de Julia parmi l’ensemble des brevets qui auraient pu servir à Siri, et Cheyer lève ces doutes, pas au bénéfice de Julia : « Il a travaillé sur des premiers brevets dans le champ, mais pas ceux relatifs à Siri ». Donc les brevets derrière lesquels Julia se réfugie dans sa réponse plus haut sont, de l’avis même de son ami Cheyer et véritable co-créateur de Siri, « pas relatifs à Siri ».

Juste après la sortie de ma vidéo, un abonné m’a raconté avoir échangé en privé avec Adam Cheyer, mais n’a pas souhaité publier l’échange verbatim, donc je ne peux vous en donner qu’un résumé : dans cet échange, Cheyer insiste avant tout sur son amitié avec Luc Julia, précise que lui et Julia ont travaillé dans les années 1990 sur le système Open Agent Architecture (OAA) et ont déposé une dizaine de brevets dans ce cadre. Les brevets de Julia auraient été acquis par Siri Inc pour valoriser l’IP de l’entreprise mais n’auraient pas servi au développement de l’application Siri elle-même. Quant à la question de savoir si Julia peut se dire co-créateur, cela pourrait s’entendre, à condition d’élargir (je dirais plutôt d’écarteler) le sens de l’expression : cela impliquerait alors de reconnaître plusieurs centaines d’autres personnes comme co-créateurs (et Julia serait surtout le co-créateur de OAA).

Plus tard, ayant pris connaissance de l’ampleur de la controverse qui touchait son ami, Adam Cheyer a publié sur LinkedIn un autre commentaire pour tâcher de la tempérer :

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Cheyer tient avant tout à louer les compétences de Luc Julia comme « professionnel et pionnier du champ de l’IA depuis 35 ans » dont la voix mérite d’être entendue pour « contrebalancer les affirmations fortes sur la super-intelligence IA » et conclut : « Tout ce « débunk » me semble exagérée. »

En outre Cheyer affirme qu' »on peut considérer qu’il y a eu un certain nombre de version de Siri » (mais il faudrait noter aussi que ce n’est pas l’usage commun : quand on parle de « co-créateur de Siri » on s’attend à ce qu’il s’agisse de Siri proprement dit…) et qu’à ce titre il peut reconnaître un rôle de co-créateur à Luc Julia pour un premier « Siri » débuté en 1993. Cela semble conforter les affirmations répétées de Julia sur ce mystérieux « The Assistant » (dont à ma connaissance personne ne parle sauf lui), sauf que Cheyer mentionne uniquement Open Agent Architecture (OAA), un système dont pour le coup il est beaucoup plus facile de trouver des traces. Voici la page de titre du papier qui présente OAA :

Source

Je vous ai mis la source si vous voulez creuser la question de la part de la contribution de Luc Julia et à quel point cette architecture est proche ou non du véritable Siri. Quoi qu’il en soit, ce qu’on entend par « Siri » quand on utilise publiquement une expression comme « co-créateur de Siri », ce n’est pas OAA. Donc passons à ce que Cheyer affirme factuellement sur ce plan.

Concernant les brevets qui ont véritablement servi à Siri, Cheyer reste en fait sur la même ligne que dans ces messages précédents : « Luc n’a pas travaillé sur les brevets les plus importants (selon moi) de Siri ». Donc la défense de Julia qui repose sur le fait d’avoir déposé les « core patents » de Siri (pour citer ce qu’indique son CV sur son site personnel) paraît bien contredite publiquement par son ami Adam Cheyer.

Cheyer valide également la chronologie du passage de Luc Julia chez Apple que je présentais dans la vidéo, ce qui, comme on l’a vu, contredit frontalement son narratif en interview : Luc Julia n’est pour rien dans la vente de Siri à Steve Jobs, n’a pas été appelé par ce dernier, n’a pas développé en secret la version de Siri intégrée à l’iPhone 4S, etc. Dire que Cheyer donne raison à Julia serait très erroné : il prend soin de ménager son ami mais il le contredit tout de même sur les points factuels essentiels.

Passons aux deux autres co-fondateurs de Siri. Ceux-ci sont beaucoup plus nets et tranchants. Voici la réponse de Tom Gruber :

Source : échange privé

« Luc Julia n’a rien à faire avec la création de Siri. » « Lui et Adam ont travaillé ensemble dans un emploi précédent, mais cela n’avait rien à voir avec Siri. » Et Gruber confirme là encore la chronologie du passage de Julia chez Apple.

Enfin, le troisième co-fondateur de Siri, Dag Kittlauss, s’est exprimé lui aussi et se montre tout aussi catégorique que Gruber :

Source : échange privé

« Luc n’a définitivement pas été un co-créateur de Siri », « si la question est « Luc a-t-il été un co-créateur de Siri » la réponse est définitivement non ». On peut difficilement faire plus clair. Et concernant ce mystérieux « The Assistant » dont parle régulièrement Luc Julia :

Source : échange privé

Kittlaus affirme n’en avoir « jamais entendu parler » et nie tout rapport avec leur travail sur Siri.

En résumé, deux co-fondateurs de Siri sur trois sont catégoriques : Luc Julia ne peut pas être considéré comme co-créateur de Siri. (Notez que ces deux co-fondateurs de Siri dont le rôle dans Siri est clairement établi ne sont à ma connaissance jamais cité par Luc Julia : il présente toujours les choses comme si Siri était le « bébé » de Cheyer et lui.) Quand à Adam Cheyer, il est plus mesuré et lui reconnaît une part de co-création pour OAA qu’il considère personnellement comme une première de multiples version de Siri (en prenant « Siri » comme un concept plus général), mais il reste clair sur les brevets du véritable Siri : ceux dont Julia est co-auteur n’ont pas été importants.

Il paraît clair, à la lumière de tout cela, qu’aucun des trois n’accepterait d’appeler les brevets de Julia les « core patents » de Siri comme Julia le fait dans son CV.

Source : lucjulia.com

Par ailleurs, il ne faudrait pas que cette histoire de brevet fasse oublier l’autre point crucial qui ressort de ces trois points de vue : Cheyer, Kittlaus et Gruber confirment la chronologie que je présentais dans ma vidéo concernant le passage de Julia chez Apple. Aussi, dans le narratif de Luc Julia en interview où il se présente régulièrement comme s’il avait participé au développement initial de Siri, ou aurait participé à la vente de Siri à Apple, ou aurait été appelé à Apple par Steve Jobs, ou aurait travaillé en secret au lancement de l’Iphone 4S (voir ma vidéo où je montre de tels extraits), il est difficile de ne pas juger ces propos bien plus durement que comme de simples exagérations. Les trois co-fondateurs de Siri ont confirmé que de tels propos sont mensongers.

Je me permets d’insister sur ce point qui semble systématiquement occulté dans les quelques articles que j’ai lu sur l’affaire jusque là : on ne parle pas de récits un peu enjolivés par les médias et que Luc Julia aurait seulement le tort de ne pas corriger suffisamment (comme j’ai pu le lire ici ou là), ce sont bien les récits que Julia fait lui-même, entretient et renforce délibérément. Voyez par exemple cette vidéo de Kombini. Ou encore cet article récent de Libération carrément intitulé « Siri c’est lui », ou cette émission de France Inter publiée le lendemain de ma vidéo, pour ne citer que quelques exemples parmi beaucoup d’autres.

Source

Sachant tout cela, il me semble que cela mériterait des errata en série chez Kombini, Libération, France Inter qui l’a reçu régulièrement (pas sûr que ce soit facile de faire entendre ces critiques sachant qu’à l’heure actuelle Luc Julia est au conseil d’administration de Radio France), mais aussi Arte (qui lui a consacré une série entière « Silicon Fucking Valley » + un passage excessivement élogieux dans 28 minutes), ou le Figaro (ce serait par un article du Figaro que Dominique Estrosi aurait eu l’idée brillante d’inviter Julia à faire une audition au Sénat), et encore beaucoup, beaucoup d’autres…

Ces mensonges ne sont pas anodins : c’est en large part sur ce titre de co-créateur de Siri et le narratif erroné qui l’entoure que Luc Julia a bâti sa réputation médiatique. Les sénateurs ont écouté le co-créateur de Siri, l’Arcom a nommé au conseil d’administration de Radio France le co-créateur de Siri, c’est au co-créateur de Siri que l’on tend un micro : c’est un point systématiquement rappelé et appuyé comme une source d’autorité. De nombreux médias l’ont renforcé en prenant ses propos pour argent comptant sans travail de vérification préalable. Ils devraient reconnaître, sinon leur tort, tout au moins leur erreur.

Les déclarations des co-fondateurs de Siri confirment que Luc Julia a tenu des propos erronés de façon répétée quant à son parcours et son rôle dans le développement de Siri, et il a poussé les journalistes à publier ces affabulations pour consolider son statut. Il me semble qu’on aurait tort de minorer l’importance de ce genre de conduite.

Pour le moment, cette affaire a fait du bruit sur les réseaux sociaux mais n’a pas donné lieu au moindre erratum. N’hésitez pas à interpeller les journalistes à ce sujet.

17 réflexions au sujet de « Luc Julia a-t-il menti ? Les témoignages des co-fondateurs de Siri vs. les déclarations de Luc Julia »

  1. Ça devient très méli mélo tout ça. Je pense qu’il faudrait recentrer la critique sur le simple fait qu’il raconte n’importe quoi en IA, pour éviter de rester bloquer sur siri.

    Je passe un diplôme d’ingénieur IA Data dans une école où certains profs et les élèves ont 10 ans de retard et ne sont pas fichus de dédier 20 minutes à la lecture de papiers récents, de résumés de papiers ou même à lire l’actualité dans le champ. J’ai bossé dans une startup d’IA avec des profils très variés, dont de très nombreuses personnes qui n’y connaissaient rien. J’ai bien vu dans toutes ces situations que de nombreuses personnes ne sont à la fois pas curieuses de savoir (ou n’ont pas la capacité d’attention et la volonté de rattraper des prérequis) mais pourtant veulent affirmer gros et revendiquer une expertise.

    Luc Julia a peut être travaillé dans « l’IA » il y a des années, c’est à dire des programmes heuristiques de prise de décision considérés aujourd’hui comme simplissimes étant donné les connaissances, outils et frameworks disponibles… mais Luc Julia n’a certainement pas alloué du temps à la compréhension des nouvelles approches de conception de programmes de décision dont le machine learning qui sont développés depuis 20 ans. Ça se voit, comme tu l’as montré, dans son discours.

    Une idée d’approche pour le critiquer sans qu’il puisse beaucoup répondre : définir l’expertise IA et recueillir l’avis d’experts qui correspondent à tes critères. Par exemple :

    1 chercher des personnes sur base de leur CV, ayant travaillées récemment sur des projets de machine learning : techniciens ingénieurs dans des entreprises dynamiques type startup ou departement innovation ou chercheurs attestant de recherche récente et active ;

    2 rechercher des méthodes éloignées du sujet de M Julia (juste chatgpt) par exemple pour la prise de décision dans un programme classique, analyse d’images, transcription audio, routage, … analyse statistique, etc. Voire t’éloigner du machine learning avec par exemple les graphs de connaissances modernes (qui peuvent utiliser des LLMs pour s’auto organiser ou naviguer), les structures en API JSON pour créer des services web… En faire un critère de quelqu’un qui travaille à développer de l’infrastructure de décision en utilisant des techniques modernes (on vient de définir les techniques modernes). Donc a de l’expérience donc de confiance relative.

    3 analyser le discours de tes experts, montrer la différence avec M Julia dans leur expression : illustrativité, nuance, une vraie distinction entre la description de caractéristiques techniques et la prescription d’une comportement à adopter « face » à la technologie. Sinon, tu peux déjà voir si ils trouvent M Julia ridicule aussi.

    Sinon, puisque c’est aussi sacrément dans le thème de ta chaîne, tu pourrais nous montrer ce que la « philosophie moderne » (qui me semble être une forme d’amalgame entre plusieurs sciences et sert surtout de base à de la recherche en ingénierie sociale / politique) a trouvé en matière d’organisation politique de la recherche. Comment pourrait on s’organiser pour faire entrer et mettre sur la table de l’information scientifique… dans toute sa nuance ? en minimisant l’input de trolls ou de fausse compétence ? Comment repérer la fausse compétence ? Un propos mal structuré ? Comment le système de publications scientifiques bien qu’imparfait s’y prend t il ? Au delà de la relecture, conceptuellement, qu’est ce qui est critiqué d’un mauvais papier ? Est ce applicable à l’input en information d’un système politique ? Comment ? etc… je trouve que Julia ferait un excellent exemple pour montrer que ce genre de réflexion est utile.

    Mvwolo.

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  2. Ça devient très méli mélo tout ça. Je pense qu’il faudrait recentrer la critique sur le simple fait qu’il raconte n’importe quoi en IA, pour éviter de s’embourber sur siri.

    Je passe un diplôme d’ingénieur IA Data dans une école où certains profs et les élèves ont 10 ans de retard et ne sont pas fichus de dédier 20 minutes à la lecture de papiers récents, de résumés de papiers ou même à lire l’actualité dans le champ. J’ai bossé dans une startup d’IA avec des profils très variés, dont de très nombreuses personnes qui n’y connaissaient rien.

    J’ai bien vu dans toutes ces situations que de nombreuses personnes ne sont à la fois pas curieuses de savoir (ou n’ont pas la capacité d’attention et la volonté de rattraper des prérequis) mais pourtant veulent affirmer gros et revendiquer une expertise.

    Luc Julia a peut être travaillé dans « l’IA » il y a des années, c’est à dire des programmes heuristiques de prise de décision considérés aujourd’hui comme simplissimes étant donné les connaissances, outils et frameworks disponibles… mais Luc Julia n’a certainement pas alloué du temps à la compréhension des nouvelles approches de conception de programmes de décision dont le machine learning qui sont développés depuis 20 ans.

    Ça se voit, comme tu l’as montré, dans son discours.

    Une idée d’approche pour le critiquer sans qu’il puisse beaucoup répondre : définir l’expertise IA et recueillir l’avis d’experts qui correspondent à tes critères. Par exemple :

    1 chercher des personnes sur base de leur CV, ayant travaillées récemment sur des projets de machine learning : techniciens ingénieurs dans des entreprises dynamiques type startup ou departement innovation ou chercheurs attestant de recherche récente et active ;

    2 rechercher des méthodes éloignées du sujet de M Julia (juste chatgpt) par exemple pour la prise de décision dans un programme classique, analyse d’images, transcription audio, routage, … analyse statistique, etc. Voire t’éloigner du machine learning avec par exemple les graphs de connaissances modernes (qui peuvent utiliser des LLMs pour s’auto organiser ou naviguer), les structures en API JSON pour créer des services web… En faire un critère de quelqu’un qui travaille à développer de l’infrastructure de décision en utilisant des techniques modernes (on vient de définir les techniques modernes). Donc a de l’expérience donc de confiance relative.

    3 analyser le discours de tes experts, montrer la différence avec M Julia dans leur expression : illustrativité, nuance, une vraie distinction entre la description de caractéristiques techniques et la prescription d’une comportement à adopter « face » à la technologie. Sinon, tu peux déjà voir si ils trouvent M Julia ridicule aussi.

    Sinon, puisque c’est aussi sacrément dans le thème de ta chaîne, tu pourrais nous montrer ce que la « philosophie moderne » (qui me semble être une forme d’amalgame entre plusieurs sciences et sert surtout de base à de la recherche en ingénierie sociale / politique) a trouvé en matière d’organisation politique de la recherche. Comment pourrait on s’organiser pour faire entrer et mettre sur la table de l’information scientifique… dans toute sa nuance ? en minimisant l’input de trolls ou de fausse compétence ? Comment repérer la fausse compétence ? Un propos mal structuré ? Comment le système de publications scientifiques bien qu’imparfait s’y prend t il ? Au delà de la relecture, conceptuellement, qu’est ce qui est critiqué d’un mauvais papier ? Est ce applicable à l’input en information d’un système politique ? Comment ? etc… je trouve que Julia ferait un excellent exemple pour montrer que ce genre de réflexion est utile.

    Mvwolo.

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  3. Quand je dis t’éloigner du sujet de Julia je veux dire au départ en restant dans le machine learning. ex. « Prise de décision *en utilisant un LLM* dans un programme classique », étude de la structure de LLM, gestion du risque que ce soit dans le cadre d’un programme classique ou d’un modèle issu du machine learning, …

    Pour résumer ma suggestion, présenter clairement les conséquences négatives M Julia peut avoir sur la société, déplacer ton propos hors de lui (implications plus larges sur la société) comme ça tu fais avancer l’opinion publique et si il te répond tu pourras plus facilement le balayer, présenter des alternatives convaincantes ou un framework pour réfléchir à des alternatives (=> fais avancer la réflexion). Éviter au maximum les « critiques de comptoir » qui se basent sur des réactions populaires pour fonctionner (« il ment (sur siri) donc c’est une mauvaise personne »), sinon lui il va rebondir là dessus.

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    • Ça demande un effort intellectuel différent (c’est de l’enquête). Ça sort du cadre de M. Phi à mon avis.

      Une fois que tu as estimé (peut être à tort) les causes de la mise en avant de Luc Julia (peut être à tort), il faut tout de même comprendre en profondeur la situation, c’est à dire imaginer les alternatives (comment on pourrait s’organiser) pour s’assurer qu’on est bien capable de faire mieux.

      Trouver un sous ensemble de personnes « responsables » et décrire leurs motivations c’est pas forcément le meilleur point de départ pour comprendre la situation dans son ensemble et de faire des projections pertinentes (imaginer des organisations alternatives, des conséquences de décisions). Mais ça peut être un élément pertinent parmis d’autres.

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    • Il me semble que la réponse est la suivante : la France, comme toutes les nations cherche a enjoliver un « roman national » dans tous les domaines : histoire, sciences. Mais , à force d’enjoliver et de se chercher des héros, on peut dériver vers l’imposture. Le chimiste Berthelot, viscéralement anti-atomiste en est un autre exemple. Les médias et les politiques ne veulent pas se remettre en question et préfèrent cacher la poussière sous le tapis.

      Mais le 1er responsable, c’est d’abord le pseudo expert/héros qui, par orgueil et narcissisme contribue à l’emballement.

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  4. Tiens d ailleurs sur son site : »1996-1998: Research Engineer, Speech Technology And Research Laboratory SRI International – Menlo Park, CaliforniaLed speech related projects and demonstrations, as well as web interface designs. Co-Founded Nuance Communications (now World leader in Speech Recognition [NASDAQ: NUAN]). » Donc selon lui il a cofondé aussi Nuance, mais il n ‘y a aucune trace… un autre mensonge ?

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  5. Ping : Un mois d’août dans une vie : mathématiques, peu d’innovation, littérature et musique | Start-Up

  6. Merci pour ce travail sérieux et sans concession.

    J’ai découvert Luc Julia lorsqu’il a sorti sa vidéo/conf où il démonte Mandelbrot : il se trouve que je suis compétent en mathématiques et historiquement fan des fractales (littéralement, chacun son truc), je me suis dit « Wow, un descendant de (Gaston) Julia qui parle de (Benoît) Mandelbrot, je vais avoir un beau morceau de l’histoire des maths qui me passionnent ».

    Au bout de 5min il était évident qu’il racontait n’importe quoi sur toutes les dimensions, et son « démontage » de Mandelbrot super malsain (il aurait « tout piqué » à Julia, etc). C’est en fait un story telling pour passer pour un héros qui « réhabiliter » son grand-oncle (ça n’a aucun sens, Mandelbrot a utilisé et cité Julia, comme n’importe quel scientifique normal), donc au final pour le faire briller lui.

    Je ne comprends même pas comment il peut sortir ce gloubi-boulga incohérent sur la partie mathématique, il a quand même une maîtrise et il devrait avoir largement les moyens de faire illusion, mais même pas. Je précise que des notions de terminale (option maths) permettent de bien aborder en suface les ensembles de Julia et Mandelbrot (complexes, suites).

    Sérieux, on ne peut pas avoir une maîtrise de maths et dire « des fractales qui sont des équations qui sont des logarithmes » (et y pas de logarithmes dans les équations décrivant les ensembles de Julia/Fatou et Mandelbrot bordel ! Ca sent la confusion avec une mesure de dimension fractale, mais bref).

    Et son ton faussement cool est que je te parle approximatif et comme un chartier aussi bien insupportable, respect d’avoir réussi à se retenir de le mentionner (et je comprends, pour ne pas se faire reprocher une attaque ad personam). Cependant je pense que c’est un sujet, parler comme une merde devant tout le monde c’est aussi prendre les gens pour de la merde.

    Bon bref je l’ai simplement ignoré. Et comme je ne regarde pas la TV et ne suit pas les recos de YT, c’était facile :). Et bang ça me revient via Mr Phi (que je suis de mon plein gré et sans reco). Là c’est clair qu’il faut aller plus loin qu’ignorer cet imposteur, total soutien.

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    • Encore plus drôle quand on se rend compte que Gaston Julia n’est même pas le grand-oncle de Luc Julia, comme celui-ci se plait à le répéter…

      Mais bon, on n’est plus à ça près.

      (source : roglo)

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