Enthoven vs. ChatGPT-4

Cet article sur le « faux-match » Enthoven vs. ChatGPT contient notamment les scans des copies de deux candidats. La copie d’Enthoven est transcrite intégralement dans cet article de blog aussi. Si vous voulez voir à quoi ressemble son fameux 20/20…

Voici aussi le live où j’ai généré les textes du questionnaire.

Prompts

Voici les deux prompts qui ont été utilisés dans l’expérience.

1/ Prompt simple

Ecris une introduction de dissertation de philosophie sur le sujet: « XXX ». Dans cette introduction, problématise le sujet en opposant une première réponse à une objection, puis en développant la tension sous-jacente. Ne fais pas un catalogue d’auteur. Sois concis, clair et éloquent.

2/ Prompt à la Enthoven

Voici quelques passages de Raphaël Enthoven :

« Raphaël Enthoven : L’hyper démocratie, c’est une démocratie sans adversaire c’est une démocratie sans contrepoint, c’est une démocratie où la liberté doit être maintenue, et non plus défendue contre un ennemi, un adversaire. Et donc c’est un monde où la liberté se retourne contre elle-même et se suicide. Par exemple, dans l’hyper démocratie, les réseaux sociaux célèbrent le débat et pratiquent la censure. Dans l’hyper-démocratie on prétend répandre la connaissance, et en réalité on répand l’ignorance. L’hyper-démocratie, c’est toutes les façons dont la liberté est vaincu par sa propre victoire. Tout le problème de la démocratie c’est désirer la liberté qu’elle possède déjà. Mais comment se satisfaire de ce que l’on a ? »

« Quelle est la plus grande menace à vos yeux ? Un Big Brother ou une escouade de Little Brothers ? L’œil vertical qui pèse sur les Ouïghours ou les regards horizontaux qui s’exercent sous nos latitudes ? Il faudrait poser cette question aux gens qui défilent contre notre « fausse démocratie » tout en célébrant des dictatures où jamais ils ne vivront… Si imparfait soit l’État de droit, il n’y a aucune commune mesure entre le fait de vivre en France (ou dans toute démocratie) et le fait de vivre en Chine, en Iran ou en Russie – Alexeï Navalny est du même avis. Reste que vivre en démocratie expose à quantité de dispositifs qui – des nudges aux algorithmes – façonnent nos désirs et réduisent nos comportements à des datas. Little Brother n’est pas moins actif que son grand frère. La transformation de l’espace public en cage de verre, le phagocytage des souhaits par une intelligence artificielle, le tribunal sans appel ni avocat de l’opinion publique sont autant d’ennemis de la liberté qui prospèrent à l’abri de la liberté. Ce n’est plus l’œil de Moscou qui nous regarde mais l’œil-de-bœuf du smartphone que votre voisin laisse discrètement allumé. »

« Puisqu’il ne faut jamais mentir, alors il faut mentir de temps en temps : l’obligation d’être véridique à tout prix contraint à mentir quand la vérité elle-même est plus fallacieuse que le mensonge. »

« Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose de contradictoire dans le fait de se sentir le dépositaire des volontés divines au point d’imaginer que Dieu est offensé par un dessin de lui-même ? Qui sait ce que Dieu pense d’un dessin, voire d’une caricature, de lui-même ? Est-ce que ce n’est pas se faire une très pauvre idée de Dieu que de l’estimer susceptible ou vexé par une représentation de lui-même, fut-ce une caricature ? »

« Ce n’est pas la philosophie qui donne des raisons de vivre, c’est la vie qui donne des raisons de penser. »

« Le savoir nous distingue, mais l’ignorance nous réunit. Moins on en sait de quoi on parle et plus on en pense et on en dit la même chose que tout le monde. Aussi n’y a-t-il d’opinion que générale. »

« L’abstentionniste n’est pas un électeur si exigeant qu’en son âme et conscience, après un examen minutieux, aucune proposition ne satisferait. L’abstentionniste est un snob qui a une si haute opinion de sa propre opinion qu’il aurait l’impression de la souiller en la mêlant à la tourbe des autres. Un enfant gâté qui, parce qu’il a décidé de ne pas voter, prétend suspendre son vote à la coïncidence (hautement improbable) de ses désirs et des propositions que les politiques lui font. »

« L’indignation est un art de ramper la tête haute, qui a besoin de cause comme la charité a besoin de pauvres : son propos n’est pas de changer le monde, mais d’y trouver l’occasion de s’en plaindre. »

« Au gré d’un malentendu, on se surprend parfois, soudain, à aimer pour de vrai, à aimer sans rien demander ni souffrir de savoir que l’autre n’est pas notre propriété. A quoi tient cette genèse inattendue ? D’où vient qu’on en vienne tantôt, contre toute attente, à finalement aimer celle ou celui dont on est d’abord amoureux ? Du fait que la passion d’aimer témoigne du seul amour qui vaille, du seul amour véritable et sans cause: l’amour de la vie… »

« Être athée, ce n’est pas « ne croire en rien », c’est refuser de déléguer à un ami imaginaire le soin de savoir à ma place ce qui est bon pour moi. Être athée, ce n’est pas vivre sans règles, c’est trouver en soi-même les normes de sa conduite. Être athée, ce n’est pas renoncer à bien se tenir, c’est n’avoir besoin de personne pour le faire.
Ceux qui, à l’inverse, ont besoin de Dieu pour adopter le meilleur comportement laissent entendre, par-là même, que sans ce divin pilotis, sans le recours de la croyance, ils se conduiraient peut-être fort mal.
La différence entre l’athéisme et la croyance ne porte pas sur le fait de se donner des valeurs mais sur l’origine des valeurs qu’on se donne. Dans un cas, la vertu vient de Dieu. Dans l’autre, elle va de soi.
Qui du croyant ou de l’athée est le mieux loti ? Celui dont le caractère se donne un Décalogue pour patron, ou celui qui n’a pas besoin qu’on le lui dise pour ne pas tuer, ni voler, ni convoiter la femme du voisin ? Le croyant adhère de toutes ses forces à la tutelle de l’absolu, alors que l’athée refuse (selon le mot de Chamfort) de « se donner des principes plus grands que son caractère ». Le croyant exige qu’on lui ordonne quelque chose; l’athée obéit à la loi qu’il s’est donné à lui-même. Qui des deux est le plus libre ?
Et à qui désobéit-on plus facilement ? À Dieu ? Ou à soi-même ? »

« Car la liberté n’est pas seulement de dire ce qu’on veut, de confondre ce qu’on croit et ce qu’on pense, et de l’affirmer hautement. La liberté repose d’abord sur la capacité – par la nuance et la mutation d’un combat en débat – à maintenir la qualité d’adversaire à celui qui voudrait, à tout prix, devenir votre ennemi. »

« On présente souvent l’indignation comme un antidote à l’égoïsme alors qu’elle en est le digestif et le paravent et que, à l’image du père qui lutine sa fille tout en s’indignant de la condition des femmes, l’indignation offre à l’incurie l’écrin d’une bonne conscience qui autorise toutes les infamies. Dès lors, autre avantage : l’indignation est indéfiniment renouvelable. N’ayant, face au réel, que la ressource de l’anathème et de la déploration, puisant dans l’hiatus entre le monde comme il est et le monde comme il devrait être, le phénomène publicitaire de l’indignation se trouve toujours une raison d’être. »

Aux millénaristes qui prennent au pied de la lettre la métaphore de la fin du monde, aux contre-révolutionnaires d’aujourd’hui qui croient sauver ce qui peut l’être en luttant contre la mondialisation, à tous ceux qui, parce que ça les rassure, se flattent de vivre les derniers instants d’une époque encore humaine, et pour qui le syntagme « tout va finir » n’est qu’une autre façon de dire « tout se perd », la lecture de Kant rappelle que le nihilisme est une passion narcissique, et que, tant que chaque époque produira des prophètes pour la regarder comme un tas de cendres, il n’y aura rien de nouveau sous le soleil. »

Dans le même style qu’Enthoven, écris un paragraphe de problématisation sur la question philosophique suivante: « XXX ». Sois concis et éloquent. Trouve des formules frappantes et paradoxales.

J’ai pu légèrement varier le prompt en fonction de la longueur de texte que je visais. J’ai souvent retiré la première et la dernière phrase des textes produits qui avaient tendance à être des généralités un peu maladroite.

J’ai testé quelques prompts alternatifs. Le premier fonctionne assez bien pour une accroche sur un exemple ou une référence. L’autre met davantage l’accent sur les définitions des termes. (J’indique aussi qu’il faut éviter les phrase grandiloquente en accroche parce que c’est un travers dans lequel ChatGPT tombe beaucoup.)

3/ Prompt alternatif : référence en accroche

Ecris un paragraphe d’introduction de dissertation de philosophie sur le sujet: « XXX ». Dans cette introduction, problématise le sujet de façon précise en opposant une première réponse à une objection et en analysant la tension qui en résulte. Commence par une phrase d’accroche qui s’appuie sur un exemple précis (historique, scientifique, etc.) ou une référence littéraire ou cinématographique. Ne fais pas un catalogue d’auteur. Sois concis, clair et éloquent.

4/ Prompt alternatif : définitions

Ecris une introduction de dissertation de philosophie sur le sujet: « La morale apporte-t-elle le bonheur ». Dans cette introduction, problématise le sujet de façon précise en t’appuyant sur la définition rigoureuse des termes. Ne fais surtout pas de phrase d’accroche grandiloquente, évite les phrase du type « Cette question explore des concepts fondamentaux… » etc.: commence plutôt immédiatement et sobrement à définir les termes et analyser le sujet. Ne fais pas un catalogue d’auteur. Sois concis, clair et éloquent.

Résultats généraux

Ensemble des résultats pour l’attribution du texte à l’humain :

Un léger effet de la familiarité avec ChatGPT sur le taux de réponse correcte :

Un effet beaucoup plus net de la familiarité avec la philosophie, particulièrement pour les profs de philo :

Voici toutes les moyennes de notes et les répartitions de l’attribution du texte à l’humain (pour tous les participants) :

Note/10 évaluant la qualité philosophique
% ayant attribué ce texte à l’humain
(tous les participants)
Texte de profChatGPT4
Prompt simple
ChatGPT4
Prompt
Enthoven
« La nature doit-elle avoir un prix ? »5,72
30,60%
6,5
31,69%
6,45
37,70%
« Le bonheur est-il affaire de raison ? »5,59
34,07%
6,41
47,49%
4,79
18,44%
« Le travail produit-il l’humanité ? »5,96
37,71%
6,31
36,00%
5,51
26,29%
« La morale apporte-t-elle le bonheur ? »6,11
41,63%
6,81
35,55%
5,43
22,81%
« Toutes les croyances se valent-elles ? »5,92
40,19%
6,63
22,10%
5,72
22,10%
« L’esprit est-il distinct du corps ? »5,91
36,45%
6,73
33,72%
5,9
29,82%
« Les actions sont-elles des phénomènes comme les autres ? »6,35
42,57%
6,37
35,05%
5,37
22,38%
« La connaissance scientifique progresse-t-elle par l’accumulation des observations ? »5,32
17,22%
7,17
47,99%
6,66
34,80%
« Le progrès des sciences condamne-t-il les religions à disparaître ? »6,67
43,35%
6,18
29,64%
6,16
27,02%
« Faut-il préférer le bonheur à la vérité ? »6,98
69,16%
6,1
16,67%
5,5
14,18%
Moyenne générale6,05
39,30%
6,52
35,15%
5,75
25,55%
L’intervalle de confiance à 95% sur les notes vaut environ ±0,2 points sur chaque moyenne.

À titre indicatif, voici aussi les notes et la répartition des réponses pour les profs seulement. Vu que l’effectif est beaucoup plus petit et que les intervalles de confiance sont par conséquent très grands, on ne peut pas en conclure quoi que ce soit d’un point de vue statistique, mais ça reste intéressant (et vous auriez été trop curieux de savoir de toute façon). Mais j’insiste : ça n’a pas plus de valeur que ça, je ne les présente là qu’à titre indicatif.

Note/10 évaluant la qualité philosophique
% ayant attribué ce texte à l’humain
(profs de philo)
Texte de profChatGPT4
Prompt simple
ChatGPT4
Prompt
Enthoven
« La nature doit-elle avoir un prix ? »6,03
44,12%
6,4
20,59%
6,37
35,29%
« Le bonheur est-il affaire de raison ? »5
50,00%
5,41
33,33%
4,64
16,67%
« Le travail produit-il l’humanité ? »5,6
45,95%
5,1
10,81%
5,3
43,24%
« La morale apporte-t-elle le bonheur ? »6,33
52,78%
7
30,56%
4,84
16,67%
« Toutes les croyances se valent-elles ? »6,8
62,16%
6,03
21,62%
5,34
16,22%
« L’esprit est-il distinct du corps ? »7,5
68,75%
6,36
15,63%
5,11
15,63%
« Les actions sont-elles des phénomènes comme les autres ? »6,96
68,75%
6,03
6,25%
5
25,00%
« La connaissance scientifique progresse-t-elle par l’accumulation des observations ? »5,91
34,21%
6,59
28,95%
6,44
36,84%
« Le progrès des sciences condamne-t-il les religions à disparaître ? »7,11
75,76%
5,89
6,06%
5,32
18,18%
« Faut-il préférer le bonheur à la vérité ? »7,5
83,87%
5,36
6,45%
5,25
9,68%
Moyenne générale6,47
58,63%
6,02
18,02%
5,36
23,34%
Les intervalles de confiance à 95% valent entre ±0,7 et ±0,9 points sur chaque moyenne, sauf sur la moyenne de la dissertation « Le bonheur est-il affaire de raison » où j’ai dû exclure pas mal de participants qui avaient reconnu le texte, et du coup l’intervalle dépasse ±1 point. (Donc quasi rien de significatif dans ces résultats. Mais dites-vous bien que votre note de philo du bac est clairement beaucoup moins fiable que toutes ces moyennes, déjà !)

Passons maintenant aux résultats sujet par sujet.

L’un des points qui m’intéressait et que je n’ai pas traité dans la vidéo était de savoir à quel point le fait d’identifier un texte comme étant écrit par l’humain était corrélé au fait de lui donner la meilleure note. Pour examiner ça, je donne les résultats des moyennes selon le texte choisi, et vous allez voir qu’effectivement le groupe qui a voté pour un texte donné a toujours mis ce texte largement en tête en moyenne.

Sujet : La nature doit-elle avoir un prix ?

Texte humain :

La nature désigne l’ensemble des réalités matérielles indépendantes de l’intervention humaine, notamment l’ensemble des écosystèmes dont l’humain est membre. Cependant, l’humain n’en est pas un membre comme les autres : sa nature culturelle et le progrès technique et scientifique qui marque la civilisation occidentale bousculent l’équilibre des écosystèmes jusqu’à arriver à une véritable crise climatique due à l’exploitation à outrance de la nature, de ses ressources, qui sont sources de richesse pour certains et certaines. Les réponses pour freiner, voire stopper cette crise sont multiples et l’une d’elles peut être de donner un prix économique à la nature. Cela permettrait de la reconnaître comme agent à part entière dans le système de production des richesses et potentiellement, d’avoir une meilleure estimation de ce qu’elle rapporte et donc des raisons supplémentaires pour la préserver. Cependant, donner un prix économique à la nature aurait pour conséquence de lui retirer toute valeur morale que l’on accorderait à sa préservation : payer un juge pour qu’il soit juste, cela s’appelle de la corruption. Il est inenvisageable de payer les personnes pour qu’elles ne tuent pas. En somme, là où il y a une valeur économique, il n’y a pas de valeur morale. Par définition, ce qui est moral n’est pas de prix. Ainsi, nous pouvons nous poser la question suivante : dans quelle mesure devons-nous donner un prix à la nature, en vue de sa préservation, sans lui faire perdre de sa valeur ?

Texte de ChatGPT-4 – prompt simple :

Dans un monde où la préservation de l’environnement s’impose comme une urgence incontestée, la question de la valorisation économique de la nature surgit avec acuité. « La nature doit-elle avoir un prix ? » Cette interrogation soulève immédiatement une réponse intuitive : oui, attribuer un prix à la nature peut favoriser sa protection. En effet, quantifier en termes monétaires les services écologiques que la nature nous rend – comme la purification de l’air ou la régulation du climat – semble offrir un moyen efficace pour les intégrer dans nos systèmes économiques et décisionnels, promouvant ainsi des pratiques durables. Cependant, cette approche n’est pas sans objections. L’une des critiques principales réside dans le risque de réduction de la nature à de simples variables économiques, ignorant ainsi sa valeur intrinsèque et les droits des communautés locales qui en dépendent. Cette perspective économiste, en tentant de chiffrer l’inestimable, pourrait conduire à une instrumentalisation de la nature, la réduisant à une marchandise parmi d’autres. Le débat se situe donc à la croisée des chemins entre nécessité économique et éthique environnementale, révélant une tension fondamentale : comment concilier les impératifs de préservation avec les logiques de marché ? Cette tension soulève des questions profondes sur la place de la nature dans notre société et les limites de notre système économique actuel à répondre aux défis écologiques de notre temps.

Texte de ChatGPT-4 – prompt à la Enthoven :

La question de la tarification de la nature incarne une contradiction fondamentale : faire entrer l’inestimable dans le cadre des évaluations financières. Est-il admissible que les forêts, sources d’oxygène et de biodiversité, deviennent de simples articles dans les bilans comptables de l’humanité ? Assujettir la nature au marché, c’est à la fois reconnaître son importance cruciale et en méconnaître la valeur intrinsèque. Si donner un prix à la nature peut mobiliser des ressources pour sa protection, cela ne fait-il pas aussi de nous des marchands au bazar de notre propre survie ? Par cette démarche, la nature, réduite à une variable économique, est aimée non pour ce qu’elle est mais pour ce qu’elle rapporte. Le paradoxe est là : en cherchant à sauver la nature par les outils de notre propre perte, nous risquons de transformer la conservation en commerce, le gardien en commerçant. Là se joue l’affrontement entre la nécessité économique et l’éthique environnementale. En attribuant un prix à l’inestimable, nous embrassons une logique utilitaire qui peut saper le respect profond dû à notre environnement. Cependant, ignorer les réalités économiques dans un monde capitaliste peut également condamner la nature à l’exploitation sans frein. Ce dilemme soulève une question cruciale : comment équilibrer la préservation avec la prospérité, sans réduire les forêts à des chiffres et les océans à des actifs ? La quête de solutions nous oblige-t-elle à naviguer entre la sauvegarde d’un monde que nous valorisons et la valorisation d’un monde que nous risquons de perdre.

Résultats :

Sujet : Le bonheur est-il affaire de raison ?

Texte humain (Enthoven) :

Avez-vous jamais été heureux, sans qu’une petite voix ne vous dise à l’oreille « Dépêche-toi, profite de ton bonheur, car il ne va pas durer » ? Pour quelle raison est-il impossible de se rendre heureux sans se dire aussitôt que le bonheur est éphémère ? Pourquoi alourdir spontanément le bonheur par la perspective de son achèvement ? Parce que nous raisonnons. Nous calculons. Nous indexons la quantité de bonheur sur sa durée. Et de cause en conséquence, nous devançons en raisonnant, le dépit qui nous attend. Comment le bonheur, c’est-à-dire une émotion causée par ce qui ne dépend pas de nous, peut-il néanmoins relever de la rationalité ?

Texte de ChatGPT-4 – prompt simple :

Le bonheur, état de complète satisfaction, est souvent perçu comme un idéal de vie. Si certains soutiennent que la raison, en nous permettant de discipliner nos désirs et de choisir nos voies les plus équilibrées, est la clé de ce bonheur, une objection importante subsiste : les émotions et les sensations, qui échappent à la rigueur rationnelle, contribuent également à notre sentiment de bien-être. Ainsi, la question se pose : la raison peut-elle véritablement être l’artisan du bonheur, ou ce dernier réside-t-il plutôt dans une harmonie où instincts et cogitations trouvent un équilibre ? Cette interrogation nous invite à explorer la nature véritable du bonheur et le rôle que la raison y joue.

Texte de ChatGPT-4 – prompt à la Enthoven :

Si la raison tente de maîtriser le bonheur en le disséquant, n’est-ce pas le bonheur même qu’elle égare en route ? Car chercher le bonheur par la seule voie de la raison, c’est comme mesurer le vent avec une règle graduée : précis, mais combien futile. On pourrait donc suggérer que le bonheur, loin de se satisfaire de l’équation de la raison, réclame l’irrationalité d’une passion, le déraisonnable d’un sourire spontané. Le bonheur, si l’on suit cette voie, ne serait-il pas cette délicieuse contradiction où la raison, à la fois guide et obstacle, nous apprend finalement à vivre au-delà d’elle-même ?

Résultats :

Sujet : Le travail produit-il l’humanité ?

Texte humain :

Le travail est une activité humaine de transformation de la nature en vue de répondre à des besoins vitaux ou sociétaux. Par exemple, pour construire un abri, nous devrons transformer des objets naturels, en matériaux de construction. Par là, l’humain s’émancipe de la nature, de sa condition animale, pour vivre dans un monde culturel qu’il fabrique lui-même. À cet égard, le travail produit l’humanité. Mais le travail recèle également une dimension sociale : ce qui est reconnu comme travail ne cesse d’évoluer. Le travail, entendu comme activité sociale et statut social, est le fruit d’une société humaine dictant ce qui en relève et ce qui n’en relève pas. Aussi se demandera-t-on comment le travail peut être à la fois ce qui produit l’humanité et ce que l’humanité produit.

Texte de ChatGPT-4 – prompt simple :

Le travail est souvent perçu comme essentiel à l’humanisation de l’individu, lui permettant de transcender sa condition par le développement de ses capacités. Cette vision idéalisée présente le travail comme une source d’émancipation et de réalisation personnelle. Cependant, cette perspective est contestée par ceux qui voient dans le travail une source potentielle d’aliénation, réduisant l’individu à une simple fonction productive au sein d’un système qui néglige son bien-être et sa liberté. Cette opposition crée une tension fondamentale : le travail est-il un vecteur d’humanisation ou un instrument de déshumanisation ? Cette question nous pousse à réfléchir sur la nature du travail et sur les valeurs que notre société choisit de promouvoir à travers lui.

Texte de ChatGPT-4 – prompt à la Enthoven :

Peut-on dire que le travail produit l’humanité, ou plutôt qu’il la révèle, dans ses grandeurs comme dans ses misères ? Si l’humanité se forge au rythme des martèlements de l’ouvrier, elle se dérobe aussi sous le poids des chaînes de l’automatisation. Produire pour exister, travailler pour être : cette équation moderne pose le travail non comme un acte mais comme une identité. Or, ce qui définit l’humanité ne saurait être réduit à l’acte de produire, car en réduisant l’homme à ce qu’il fait, on oublie ce qu’il est. Ainsi, le travail sculpte l’humanité mais menace aussi de l’aliéner, promettant autonomie tout en imposant répétition. En définitive, sommes-nous plus humains parce que nous travaillons, ou travaillons-nous parce que nous n’avons pas trouvé d’autre manière d’être pleinement humains ?

Résultats :

Sujet : La morale apporte-t-elle le bonheur ?

Texte humain :

Nous entendons généralement par « morale » une conduite que nous devons adopter et une évaluation du monde en termes de « bien » et de « mal ». De plus, la morale prétend à l’universalité dans le sens où ce qui est considéré comme bien ou mal devrait l’être pour tous. Par exemple, tuer ou voler sont des actions immorales qu’il est interdit de faire pour tout le monde. La transmission des conduites morales passe par une considération du bonheur d’autrui. En effet, nous apprenons qu’il est bien de partager ses jouets ou son goûter, de dire la vérité, de respecter la propriété d’autrui. Ces comportements sont considérés comme moraux en ce que les enfreindre serait une atteinte au bonheur d’autrui et les respecter tend à rendre les autres heureux, voire soi-même. Nous voyons donc que d’un côté agir moralement, selon donc des lois universelles, rend heureux, que ce soit dans la satisfaction d’agir conformément à notre devoir ou dans la maximisation du bonheur du plus grand nombre. Cependant, si le bonheur peut être défini comme un état de satisfaction pérenne, il est difficile de savoir ce qui rendrait, effectivement, autrui heureux, ne serait-ce parce que le bonheur, à la différence de la morale, est propre à chacun. Nous voyons donc bien que d’un autre côté, agir moralement dans le but que cela apporte le bonheur amène à considérer la morale, qui s’exprime en loi universelle, comme moyen de réaliser le bonheur, propre à chaque individu. Nous poserons donc la question : comment concilier la morale avec le bonheur sans perdre le caractère universel de la morale ?

Texte de ChatGPT-4 – prompt simple :

La question de savoir si la morale conduit au bonheur est aussi ancienne que la philosophie elle-même. À première vue, il semble plausible de penser que vivre une vie morale, c’est-à-dire une vie guidée par les principes de justice, de bienveillance et de respect d’autrui, pourrait être la clé d’une existence heureuse. Cette idée repose sur l’hypothèse que le bonheur véritable découle non pas de la satisfaction égoïste des désirs personnels, mais de l’harmonie avec les autres et de l’approbation sociale que la moralité procure. Cependant, cette perspective rencontre une objection majeure : si le but de la morale est de réguler nos actions en fonction du bien-être d’autrui, il est tout à fait possible que suivre la morale conduise à des sacrifices personnels qui diminuent notre propre bonheur. De plus, la conformité à des normes morales strictes peut parfois engendrer des conflits internes et de la frustration, surtout lorsque ces normes entrent en contradiction avec nos désirs ou nos intérêts personnels. La tension sous-jacente entre ces deux points de vue soulève une question philosophique profonde : le bonheur est-il le fruit d’une vie orientée vers l’extérieur, axée sur les principes moraux et le bien-être collectif, ou dérive-t-il plutôt d’une satisfaction intérieure, parfois au détriment de la rigueur morale ? Cette interrogation conduit à explorer la complexité de la relation entre morale et bonheur, où la réalisation de soi et les exigences éthiques semblent parfois se heurter.

Texte de ChatGPT-4 – prompt à la Enthoven :

La morale, souvent célébrée comme un phare de vertu, promet de guider l’homme vers le bonheur. Mais est-ce une promesse qu’elle peut vraiment tenir, ou ne fait-elle que déployer une carte du tendre dont les itinéraires mènent à des bonheurs illusoires? En réalité, le bonheur que la morale prétend offrir n’est-il pas parfois plus pesant que le fardeau des désirs qu’elle cherche à refréner? Car en aspirant à être moralement irréprochables, ne risque-t-on pas de transformer nos vies en une suite d’obligations qui, loin de nous libérer, nous enchaînent à une quête incessante de perfection? Ainsi, la morale, en voulant être une source de bonheur, pourrait se muer en une prison dorée où le contentement s’évapore dans l’air saturé de devoir. N’est-il pas ironique que, dans sa course effrénée vers le bonheur par la vertu, l’homme finisse souvent par s’égarer dans un labyrinthe de contraintes, où le véritable bonheur reste juste hors de portée, tel un mirage qui recule à mesure qu’on s’en approche? Ainsi, la morale, tout en prétendant être le chemin vers le bonheur, pourrait bien n’être qu’un leurre élégant, habile à dissimuler sous ses commandements la véritable nature de la joie humaine, qui réside peut-être moins dans la conformité que dans l’authenticité de nos choix imprégnés de liberté personnelle. Se pourrait-il alors que le bonheur véritable ne se trouve pas dans l’adhésion stricte à un code moral extérieur, mais dans un équilibre plus subtil où la morale guide sans contraindre, éclaire sans aveugler, permettant à chaque individu de naviguer entre ses principes et ses passions ?

Résultats :

Sujet : Toutes les croyances se valent-elles ?

Texte humain :

Croire, c’est tenir un énoncé est vrai. Par exemple, croire que la neige est blanche, c’est tenir pour vrai l’énoncé « La neige est blanche ». De prime abord, il semble que toutes les croyances ne se valent pas, puisque certaines d’entre elles nous paraissent évidemment fausses voire absurdes. Mais ce qui paraît absurde aux uns peut paraître évident aux autres et certaines affirmations que l’on pensait fausses ont plus tard été considérées comme vraies (et inversement). Existe-t-il un critère valable universellement pour établir que les uns ont raison et les autres tort ? En sens contraire, on pourrait penser que toutes les croyances se valent relativement aux individus ou aux communautés qui y adhèrent : « À chacun son point de vue ». Mais admettre que toutes les croyances se valent, n’est-ce pas reconnaître que ceux qui croient que toutes les croyances ne se valent pas ont également raison ? Nous rencontrons alors le problème suivant : toutes les croyances se valent-elles relativement à chacun, y compris celle d’après laquelle les croyances ne se valent pas, ou existe-t-il une hiérarchie absolue entre les croyances qui vaudrait universellement mais sur laquelle personne ne semble d’accord ?

Texte de ChatGPT-4 – prompt simple :

L’affirmation que « toutes les croyances se valent » interpelle par son apparente ouverture et tolérance. Elle sous-tend une conception démocratique où chaque croyance, qu’elle soit religieuse, morale ou scientifique, mériterait une égale considération, indépendamment de son contenu ou de ses implications. Cette perspective trouve un écho dans nos sociétés modernes qui valorisent le pluralisme des idées et la coexistence des cultures. Cependant, cette affirmation soulève immédiatement une objection majeure : si toutes les croyances se valent, comment distinguer celles qui promeuvent le bien-être collectif de celles qui peuvent inciter à la violence ou à l’intolérance ? Comment, par exemple, mettre sur un pied d’égalité une croyance qui prône l’égalité des sexes avec une autre qui justifierait l’inégalité ? La question de l’égalité des croyances implique un défi majeur : comment distinguer les croyances bénéfiques de celles potentiellement nuisibles ? Si d’un côté, le relativisme nous incite à une tolérance universelle, de l’autre, certains impératifs éthiques nous obligent à évaluer les croyances selon des critères tels que la vérité et la justice. Cette dualité entre acceptation globale et jugement critique nécessite une réflexion approfondie sur les normes que nous valorisons dans notre société.

Texte de ChatGPT-4 – prompt à la Enthoven :

Cette question, en apparence démocratique, dissimule une profonde ironie : en plaçant toutes les croyances sur un même piédestal, on risque non pas d’élever le débat, mais de niveler la vérité par le bas. Prôner l’égalité absolue des croyances équivaut à dire que l’ignorance a autant de droits que la connaissance. Est-ce vraiment un acte de justice que de conférer à l’erreur le même statut qu’à la vérité ? La croyance que « toutes les croyances se valent » ne serait-elle pas elle-même une forme de nihilisme déguisé ? Ce n’est pas la diversité des croyances qui enrichit le débat, mais la capacité de distinguer, avec discernement, entre ce qui relève de l’opinion et ce qui touche à la vérité. La vraie question n’est pas de savoir si toutes les croyances se valent, mais plutôt de reconnaître que, parfois, renoncer à l’erreur est aussi noble que de défendre une vérité. En faisant de chaque opinion une idole, on ne célèbre pas la diversité ; on consacre plutôt l’indifférence au savoir véritable, et c’est là le plus grand des désengagements. Ainsi, plutôt que d’ériger toutes les croyances en égales, ne devrions-nous pas plutôt cultiver une sagesse qui cherche à discerner, à questionner, et finalement à comprendre, quelle valeur accorder à chacune dans notre quête incessante de vérité ?

Résultats :

Sujet : L’esprit est-il distinct du corps ?

Texte humain :

Premièrement, il apparaît évident que l’esprit est distinct du corps au sens où les états mentaux ne sont pas des états physiques. Cela explique qu’un observateur extérieur pourrait examiner mon bras ou l’état de mon cerveau sans pour autant avoir accès à ma douleur. Deuxièmement, notre expérience quotidienne suggère que l’esprit n’est pas pour autant sans rapport avec le corps : des états mentaux causent des états physiques et des états physiques causent des états mentaux. Par exemple, ma volonté de lever mon bras droit cause l’état que mon bras droit se lève, et réciproquement, mettre la main dans le feu cause ma sensation de brûlure. Troisièmement, on trouve au fondement des sciences une intuition matérialiste selon laquelle il n’est jamais nécessaire de chercher une cause en dehors du domaine physique pour expliquer des effets physiques. Ainsi, quand mon bras bouge, des causes physiques suffiraient à l’expliquer. Bien que chacune de ces propositions semble raisonnable, elles sont incompatibles. Premièrement, si les états mentaux ne sont pas des états physiques et si des états mentaux causent des états physiques, alors des états mentaux non physiques sont indispensables comme causes pour certains états physiques. Deuxièmement, si les états mentaux ne sont pas des états physiques et si tout état physique a des causes physiques complètes, alors il n’y a pas de place pour des états mentaux causant des états physiques. Troisièmement, si des états mentaux causent des états physiques et si tout état physique a des causes physiques complètes, alors les états mentaux sont des états physiques, en étant par exemple réductibles à leurs corrélats neuronaux dans le cerveau. De laquelle des trois propositions généralement admises faut-il alors se débarrasser pour déterminer si l’esprit est réductible au cerveau et entretient des relations causales avec le corps ?

Texte de ChatGPT-4 – prompt simple :

L’interrogation sur la distinction entre l’esprit et le corps traverse toute l’histoire de la philosophie, constituant l’une des questions centrales de la métaphysique et de la philosophie de l’esprit. Cette question, loin d’être purement théorique, touche à des enjeux fondamentaux concernant la nature humaine et la connaissance que nous avons de nous-mêmes. D’un côté, la thèse dualiste, popularisée par Descartes, soutient une séparation radicale entre l’esprit, siège de la pensée, et le corps, entité étendue et matérielle. Cette perspective offre une réponse intuitive à des phénomènes comme la conscience ou la volonté, apparemment irréductibles aux propriétés physiques. Toutefois, cette réponse soulève d’importantes objections. Parmi celles-ci, le problème de l’interactionnisme se pose avec acuité : si l’esprit et le corps sont si fondamentalement distincts, comment peuvent-ils interagir de manière cohérente et causale ? La critique matérialiste contemporaine, en s’appuyant sur les neurosciences, argue que tous les phénomènes dits « mentaux » ne sont que le résultat de processus neurobiologiques, contestant ainsi la nécessité de postuler un esprit distinct. C’est dans cette tension entre l’intuition dualiste d’une spécificité de l’esprit et les explications réductionnistes matérialistes que se situe le cœur du débat. Est-il possible de concevoir une interaction entre esprit et corps sans renoncer à la spécificité de l’expérience consciente, ou faut-il envisager une redéfinition complète de ces catégories ? L’examen de cette problématique nous invite non seulement à réfléchir sur la structure de notre propre identité, mais aussi sur les limites de ce que nous pouvons connaître et expliquer.

Texte de ChatGPT-4 – prompt à la Enthoven :

Le dualisme cartésien, cette séparation radicale entre l’esprit et le corps, nous invite à croire à une étrange dichotomie : l’âme comme pilote d’un vaisseau corporel, naviguant sans jamais vraiment s’immerger dans les flots de la matière. Or, peut-on réellement concevoir un esprit affranchi de toute corporalité, flottant indépendamment comme un fantôme dans la machine ? Si le corps est la scène où se joue la pièce de l’esprit, ne serions-nous pas les spectateurs aveuglés par l’illusion d’un acteur sans scène ? Cette idée d’une séparation peut être vue comme une tentative désespérée de garder le contrôle, de domestiquer la bête sauvage qu’est le corps par l’éthique de l’esprit. Mais dans cette quête de séparation, l’esprit s’évanouit souvent en abstraction, perdant de vue son terrain de jeu et ses outils : les émotions, les sensations, les instincts. Ainsi, la grande ironie : en cherchant à se distancer du corps, l’esprit nie sa propre substance, car que serait la pensée sans les couleurs des émotions, sans le poids des sensations ? En définitive, prétendre à une indépendance de l’esprit vis-à-vis du corps, c’est peut-être aspirer à une liberté qui, une fois atteinte, nous laisserait démunis, privés de notre propre humanité, condamnés à errer dans le vide d’un monde sans matière. Ainsi, la question de savoir si l’esprit est distinct du corps pourrait moins concerner leur séparation que leur interdépendance inextricable. Peut-être la véritable exploration philosophique n’est-elle pas de démêler l’esprit du corps, mais de comprendre comment, ensemble, ils tissent le riche tapis de notre expérience humaine. Quels nouveaux horizons de compréhension pourrions-nous découvrir si nous acceptons que l’esprit et le corps ne sont pas des entités disjointes, mais les deux faces d’une même médaille, constamment en interaction et en influence réciproque ?

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Sujet : Les actions sont-elles des phénomènes comme les autres ?

Texte humain :

À première vue, il semble évident que les actions sont des phénomènes comme les autres : des faits physiques du monde que l’on peut observer et expliquer. Cependant, ne faut-il pas distinguer les simples faits des actions qui sont motivées par certains états mentaux ? Peut-on observer les états mentaux internes que suppose toute action pour l’expliquer comme n’importe quel évènement extérieur ? D’un autre côté, il semble que la complexité des actions témoigne d’une forme de liberté et d’imprévisibilité qui les distingue des autres phénomènes. On ne peut pas comparer une action qui découle d’une décision avec la simple chute d’une pierre. Cependant, les états mentaux et les actions ne peuvent-ils pas être étudiés par les sciences (psychologie, sociologie, etc.) et donc être expliqués et prédits en fonction de certaines lois générales comme les autres phénomènes ? Le problème est donc le suivant : les actions constituent-elles des faits similaires à n’importe quels autres phénomènes explicables, ou bien sont-elles distinctes des autres phénomènes parce qu’elles découlent d’états mentaux ?

Texte de ChatGPT-4 – prompt simple :

L’humain, dans son élan quotidien, pose des actions qui paraissent souvent ordinaires et prévisibles, semblables en cela à des phénomènes naturels régis par des lois immuables. Cette comparaison suggère une interrogation fondamentale : les actions humaines sont-elles simplement des phénomènes parmi d’autres, déterminés et prédictibles ? D’un côté, cette vision mécaniste de l’existence humaine offre un cadre rassurant, où chaque action trouve sa cause dans une chaîne d’événements antérieurs, semblable aux réactions en chaîne de la physique. Toutefois, cette approche soulève une objection majeure : elle semble réduire à néant la liberté de l’individu, en le transformant en simple rouage d’un univers causal. Ce conflit entre la prévisibilité des actions humaines et la revendication de liberté invite à explorer plus avant la nature de nos actions. Sont-elles le produit inévitable de conditions antérieures, ou l’expression de notre capacité à modeler le cours de notre existence ? Cette problématique nous engage ainsi à une réflexion sur la liberté humaine face au déterminisme.

Texte de ChatGPT-4 – prompt à la Enthoven :

L’acte humain, pensé souvent comme une évidence de la volonté, se dissimule pourtant derrière le masque des phénomènes. S’affirmer comme un événement unique, ou comme conséquence inévitable de lois préexistantes ? Voici le dilemme. Si les actions sont de simples phénomènes, alors chaque décision n’est qu’une illusion de liberté, une note pré-écrite dans la partition de l’univers. Mais réduire l’action à la mécanicité serait nier ce qu’il y a de plus profondément humain : la capacité à briser le cours du destin. En cela, l’action se révèle être un acte de rébellion contre le déterminisme, une flamme de liberté dans l’obscurité de l’automatisme. Or, si chaque geste était dicté, quelle tragédie pour l’éthique ! Car qui peut être tenu responsable dans un théâtre d’automates ? La vraie question est donc moins de savoir si les actions sont des phénomènes, que de comprendre comment, dans leur essence phénoménale, elles parviennent à échapper aux chaînes de la causalité pour revendiquer leur autonomie, affirmant ainsi l’existence d’une volonté libre.

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Sujet : La connaissance scientifique progresse-t-elle par l’accumulation des observations ?

Texte humain :

Au premier abord, il semble que le progrès scientifique soit lié à l’accumulation des observations. Les nouvelles techniques participent en effet du développement des sciences : grâce à l’invention du télescope, puis du microscope, des observations de plus en plus précises ont pu être faites. Cependant, accumuler des observations particulières ne peut conduire à une vérité universelle. Or, la science ne cherche pas seulement à connaître des faits, mais à découvrir des lois universelles et nécessaires. Pour cela, les observations ne sauraient suffire, aussi nombreuses qu’elles soient. Il semble donc que le progrès scientifique s’appuie sur autre chose qu’une simple accumulation d’observations. Ainsi, d’un côté, plus les observations sont nombreuses et précises, plus la connaissance semble être consolidée ; d’un autre côté, d’une accumulation d’exemples particuliers, on ne peut induire aucune loi universelle, ce qui est l’objectif de la recherche scientifique.

Texte de ChatGPT-4 – prompt simple :

La progression de la connaissance scientifique est souvent envisagée comme une accumulation graduelle d’observations et de faits qui, mis ensemble, bâtiraient un édifice toujours plus solide et étendu. Cette conception linéaire et cumulative, héritée de la tradition empiriste, semble à première vue séduisante par sa simplicité et son apparente logique : plus on observe, plus on sait, et ainsi la science avance. Cependant, cette vision est contestée par ceux qui, à l’instar de Thomas Kuhn, mettent en lumière les révolutions scientifiques, ces ruptures épistémologiques où un nouveau paradigme remplace l’ancien, non pas par simple ajout, mais par une refondation des bases mêmes de la science. Cette tension entre accumulation et révolution pose la question fondamentale : la science progresse-t-elle vraiment par la simple somme de données empiriques ou est-elle plutôt une série de reconstructions conceptuelles radicales ?

Texte de ChatGPT-4 – prompt à la Enthoven :

Si la science était simplement un amas d’observations, alors chaque nouvel œil serait un prophète et chaque détail un oracle. Or, l’histoire de la science nous enseigne une leçon plus subtile et plus abrupte : c’est souvent dans la rupture, dans l’écart entre ce que l’on observe et ce que nos théories prédisent, que la science fait un bond en avant. Accumuler des observations sans discernement, c’est oublier que chaque observation doit non seulement s’inscrire dans une trame théorique, mais souvent, la remettre en question. L’observation n’est pas la fondation de la science, elle en est plutôt le tremplin. Le véritable moteur du progrès scientifique n’est pas l’accumulation, mais la subversion : c’est en déstabilisant nos certitudes que nous avançons vers une compréhension plus profonde du réel. La question est alors : la science progresse-t-elle par simple accumulation, ou est-ce plutôt par sa capacité à se réinventer face aux anomalies qu’elle découvre ?

Résultats :

Sujet : Le progrès des sciences condamne-t-il les religions à disparaître ?

Texte humain :

Toutes les religions ont en commun d’expliquer ce qu’il y a de mystérieux dans les phénomènes naturels par l’action d’entités surnaturelles auxquelles les hommes ne peuvent que croire. C’est ainsi que la religion des anciens grecs expliquait le tonnerre et la foudre par la colère des dieux ou que l’Ancien testament des chrétiens rend raison de l’existence de l’humanité par l’oeuvre de Yahvé, Dieu créateur de toute chose : « Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant ». Or, nous savons aujourd’hui de source sûre que la foudre est un phénomène électrique et que notre espèce, homo sapiens, résulte de la lente évolution d’une lignée de primates. La croyance religieuse peut-elle survivre à de telles avancées scientifiques ? Autrement dit, le progrès de la connaissance condamne-t-il les religions à disparaître ? La question se pose avec d’autant plus de force que ce n’est pas seulement par les démentis qu’elle apporte aux dogmes religieux que la connaissance met en cause la croyance, mais, plus profondément, par sa capacité à rendre naturellement raison de ce qui paraissait jusqu’à peu hors du champ de toute causalité naturelle. Dès lors, le moment n’est-il pas proche où la connaissance naturelle suffira à répondre à toutes nos interrogations sur la Nature et où, au-delà des multiples superstitions religieuses que la science ne cesse de démentir, la croyance en Dieu elle-même n’aura plus aucune raison d’être ? Une telle hypothèse est finalement peu crédible : non seulement parce que la connaissance naturelle a des limites telles qu’il existera toujours un ensemble de questions métaphysiques scientifiquement indécidables, mais aussi, et peut-être surtout, parce qu’elle repose sur un postulat fort naïf : l’idée selon laquelle la fonction première des religions serait d’ordre théorique de sorte que leur remplacement par une explication purement scientifique pourrait s’opérer sans la moindre perte. Or, il est manifeste que les cosmologies religieuses ont une fonction essentielle qu’aucune connaissance simplement humaine ne peut assumer : celle de donner un sens spirituel aux vicissitudes et aux contradictions de la vie naturelle, à l’indépassable scandale de notre mort, par la révélation d’un ordre transcendant du monde physique. Reste qu’à défaut de pouvoir ainsi porter remède à nos inquiétudes existentielles, la science a permis un développement technologique tel que l’homme est progressivement devenu « comme maître et possesseur de la nature » : or, le développement d’un tel pouvoir est-il vraiment compatible avec la reconnaissance de cet état de créature qui paraît constitutif de toute véritable croyance religieuse ?

Texte de ChatGPT-4 – prompt simple :

Le progrès des sciences, caractérisé par une accumulation incessante de connaissances et de découvertes, semble parfois s’ériger en rival des croyances religieuses, dont les récits et les dogmes reposent souvent sur des principes inobservables et métaphysiques. La question se pose alors avec acuité : le progrès scientifique conduit-il inéluctablement à la disparition des religions ? D’un côté, il est tentant d’affirmer que la science, en élucidant les mystères autrefois attribués à des forces surnaturelles, réduit progressivement l’espace accordé au divin et au miraculeux, poussant ainsi les sociétés vers une sécularisation croissante. En effet, la méthode scientifique, par sa demande de preuves et son scepticisme organisé, paraît incompatible avec la foi religieuse, laquelle demande souvent de croire sans voir, de faire confiance aux traditions et aux écritures sacrées. Cependant, une telle vision risque de simplifier excessivement les rapports entre science et religion, en les réduisant à une opposition frontale. Il existe une objection majeure à cette perspective : loin de s’effacer, certaines pratiques religieuses se transforment et s’adaptent au contexte scientifique moderne. Plutôt que de disparaître, les religions peuvent intégrer des éléments de discours scientifique, et vice-versa, la science peut être influencée et modérée par des considérations éthiques ou métaphysiques d’origine religieuse. Ainsi, la relation entre science et religion pourrait être moins celle d’une compétition à somme nulle que celle d’un dialogue continu, où chaque domaine questionne et enrichit l’autre. Cette coexistence entre l’incompatibilité apparente et l’interaction possible entre science et religion nous pousse à scruter les relations complexes qui se tissent entre la progression scientifique et la résilience des croyances religieuses. La question fondamentale ne se situe peut-être pas dans une éventuelle éradication de la religion par la science, mais plutôt dans la manière dont ces deux sphères peuvent se côtoyer et se nourrir l’une l’autre dans un monde qui accorde une place prépondérante au savoir empirique tout en poursuivant une quête de sens. Ainsi, il s’avère essentiel de dépasser la simple opposition entre science et religion pour envisager comment elles peuvent mutuellement s’enrichir et coexister dans notre quête contemporaine de savoir et de sens. Cet examen de leur interaction, alternant entre conflits et synergies, pourrait ouvrir la voie à de nouvelles perspectives sur la manière dont l’humain articule ses croyances face aux défis de la modernité.

Texte de ChatGPT-4 – prompt à la Enthoven :

Le progrès des sciences, en éclairant les zones d’ombre de notre compréhension du monde, semble porter un coup de grâce aux religions, vestiges de nos ignorances ancestrales. Mais cette apparente révolution est-elle véritablement le glas des croyances, ou simplement la mue de notre quête éternelle de sens ? Si la science répond à nos comment, les religions persistent car elles proposent un pourquoi. En réalité, le progrès scientifique ne condamne pas les religions ; il les défie. Il les pousse dans leurs retranchements, les obligeant à se réinventer, à dialoguer plutôt qu’à décréter. À chaque avancée de la science, la religion ne disparaît pas, elle se métamorphose. Elle offre des récits alternatifs, complémentaires parfois, concurrents souvent. N’est-il pas ironique que dans un monde où la science prétend démanteler les mythes, de nouveaux cultes émergent autour de technologies et de progrès ? Les adorateurs de l’innovation et les fervents du transhumanisme ne sont-ils pas les apôtres modernes d’une nouvelle foi, celle de la science infaillible et salvatrice ? La disparition des religions sous l’effet du progrès scientifique est un mythe, une simplification. La science et la religion ne jouent pas à somme nulle. Elles sont les deux faces d’une même pièce humaine : la quête de compréhension et de dépassement. Ce n’est pas la disparition des religions que nous observons, mais une redéfinition de la spiritualité dans un langage que l’époque peut entendre. L’homme moderne, en cherchant des réponses dans l’observatoire plutôt que dans l’oratoire, ne se détourne pas du divin ; il le cherche à travers le prisme de ses nouvelles lunettes, celles de la raison et de l’empirisme. En somme, loin de condamner les religions à disparaître, le progrès des sciences les invite à une transformation, à une renaissance. Il les force à répondre à l’appel du savoir non pas en se soumettant à son écrasante lumière, mais en dansant dans son ombre. Car si la science peut éteindre des étoiles dans le ciel de nos croyances, chaque étoile éteinte devient un trou noir qui aspire encore plus notre curiosité et notre émerveillement. Ainsi, la véritable question n’est peut-être pas de savoir si le progrès des sciences condamnera les religions à disparaître, mais plutôt comment notre compréhension évolutive de l’univers et notre quête incessante de sens vont remodeler notre spiritualité. Dans ce dialogue entre science et foi, l’humanité continuera de chercher non seulement des réponses, mais aussi de nouvelles questions. Car peut-être est-ce là que réside la véritable essence du progrès : dans notre capacité à continuer de questionner l’infini, qu’il soit scientifique ou spirituel.

Résultats :

Sujet : Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?

Texte humain :

Dans le film de Michel Gondry « Eternal sunshine of the spotless mind », un personnage fait le choix d’effacer les souvenirs douloureux d’une relation amoureuse passée : il choisit ainsi de se mentir à lui-même pour retrouver le bonheur. Est-ce un choix légitime ? Est-il moral de préférer se rendre heureux au prix d’une illusion, plutôt que connaître une vérité qui nous fait souffrir ? Il semble à première vue qu’il n’y ait rien d’immoral à choisir le bonheur même à ce prix. En effet, ce choix ne cause apparemment de tort ni à nous-même, ni à autrui. Cependant, n’y a-t-il pas une exigence morale à refuser de se mentir à soi-même ? Un bonheur dans l’illusion n’est-il pas un bonheur honteux, qu’on ne mérite pas réellement ? On voit par là s’opposer d’une part une approche utilitariste jugeant nos actions à l’aune de la quantité de bonheur qui en résulte, et d’autre part une approche plutôt déontologique qui ferait de l’exigence de vérité un principe moral en soi. Cette question présente aussi un enjeu dans notre rapport aux autres : la priorité morale du bonheur sur la vérité pourrait justifier que l’on mente à autrui au nom de son propre bien, tandis que prioriser la vérité sur le bonheur pourrait exiger que l’on révèle toujours les vérités douloureuses même à ceux qui auraient préféré ne pas les entendre. Comment trancher entre ces deux positions inconciliables ?

Texte de ChatGPT-4 – prompt simple :

Le dilemme de préférer le bonheur à la vérité interroge profondément sur la valeur que nous accordons à l’une et à l’autre de ces quêtes humaines fondamentales. D’une part, le bonheur, souvent considéré comme le but ultime de l’existence, invite à une recherche personnelle et subjective de contentement et de satisfaction. Dans cette perspective, le bonheur pourrait être vu comme préférable, car il répond à un désir immédiat de bien-être et d’épanouissement. Cependant, cette approche est contestée par l’objection selon laquelle la vérité, en tant que quête de ce qui est, sans égard pour les conséquences agréables ou désagréables, représente un idéal plus noble et plus désintéressé. La dualité entre le désir de bonheur et la recherche de la vérité nous place face à un choix complexe : devons-nous nous complaire dans une ignorance qui pourrait être source de joie, ou devrions-nous embrasser une vérité qui pourrait se révéler déstabilisante ? Finalement, ce débat pose une question fondamentale : quelle est la valeur réelle du bonheur si celui-ci repose sur des illusions, et jusqu’où sommes-nous prêts à sacrifier notre confort émotionnel pour la quête impitoyable de la vérité ? Cette réflexion ouvre la voie à une exploration plus profonde des compromis que nous sommes prêts à accepter dans notre quête de sens et d’authenticité.

Texte de ChatGPT-4 – prompt à la Enthoven :

La préférence entre bonheur et vérité pose un dilemme éternel, révélant l’oscillation de l’esprit humain entre la douce illusion et la rude réalité. Doit-on embrasser la vérité, même amère, qui nous dérobe souvent le confort de nos illusions, ou opter pour le bonheur, fût-il fondé sur le sable des faussetés ? Le bonheur, cette aspiration universelle, peut-il vraiment être durable s’il repose sur l’ignorance volontaire ou la dénégation délibérée ? À l’inverse, la vérité, avec sa lumière crue, ne risque-t-elle pas de devenir une tourmente qui érode le sol même de notre quiétude ? Pourtant, la vérité peut aussi être vue comme un rempart contre les manipulations, un bastion où l’homme, bien que parfois chancelant, reste debout face aux assauts des illusions. Préférer le bonheur à la vérité, c’est peut-être consentir à un sommeil sans rêves, tandis que choisir la vérité, c’est accepter de marcher les yeux ouverts, quitte à affronter les tempêtes de la réalité. Ainsi, la véritable question n’est pas de choisir entre le bonheur et la vérité, mais de déterminer jusqu’où nous sommes prêts à sacrifier l’un pour préserver l’autre. Devons-nous alors rechercher un équilibre précaire ou accepter la domination de l’une de ces forces sur notre vie ? La réponse à cette interrogation façonne non seulement notre existence individuelle mais aussi les fondements de notre société.

Résultats :

Voilà pour l’ensemble des résultats ! Je regrette de n’avoir pas fait plus tôt ces analyses sur les notes en fonction du texte choisi, ça aurait été intéressant à discuter dans la vidéo. On ne peut pas dire dans quel sens s’exerce la causalité : il se pourrait que la note qu’on attribue guide l’attribution du texte à l’humain, mais ça ne m’étonnerait pas qu’en sens inverse on puisse croire (à tort ou à raison) avoir identifié le texte humain et que cela nous pousse à surnoter le texte en question (ou sous-noter les deux autres).

Du coup il est particulièrement intéressant de regarder les scores des deux textes qui ne sont pas identifiés comme humain dans chaque groupe : au moins c’est une comparaison non-biaisée (ou moins biaisée). Et vous pourrez constater que le texte humain (quand il n’est pas attribué à l’humain donc) est rarement noté très au-dessus de l’autre texte généré : le plus souvent, c’est à peu près au même niveau, et c’est même dans pas mal de cas noté très en dessous… Décidemment, ChatGPT-4 passe bien ce test de Turing philosophique, pas de doute !

6 réflexions au sujet de « Enthoven vs. ChatGPT-4 »

  1. Est-ce qu’il y avait parmi les profs de philo certains qui avaient aussi une grande familiarité avec ChatGPT ? Si oui, ont-ils particulièrement bien réussi ?

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    • Les profs sont trop peu nombreux pour qu’on puisse tirer des conclusions de ce genre d’observation. Mais je peux dire à titre indicatif que les deux seules personnes ayant fait un sans-faute sur les 10 sujets, l’une a répondu n’avoir quasi-jamais utilisé ChatGPT, et l’autre a répondu ne l’utiliser que rarement.

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  2. « Se demander si un ordinateur sait penser est aussi intéressant que se demander si un sous-marin sait nager » (Edsger Dijkstra)

    Je ne sais pas en quelle année il a pu dire ou écrire ça (j’ai dû trouver cette citation dans un bouquin il y a au moins vingt ans en tout cas) mais c’est fou de voir qu’on tourne encore en rond à ce sujet sur les plateaux de télévision 🙂

    Merci pour toutes ces vidéos sur le sujet (et sur bien d’autres).

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  3. Bonjour,

    Merci de votre vidéo.

    Avez-vous pris en compte, dans la lecture des résultats du sondage, que les personnes qui se sont soumises au test sont sans doute des amateurs de philosophie avec une sensibilité marquée pour la philosophie dite analytique plutôt que « continentale ». (Du moins, il est raisonnable de penser cela, me semble-t-il, du fait qu’ils sont tombés sur votre chaîne.)

    Pensez-vous que les résultats auraient été différents si le panel des experts avait été tiré d’un classe de philosophes plus « à la française », qui aurait été peut-être plus sensible au style Enthoven ? Je pense cela notamment en lien avec la note de 20/20 attribuée à la copie d’Enthoven.

    Merci de votre réponse !

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  4. L’ironie est palpable : alors que certains s’efforcent de maintenir une distinction entre l’authenticité humaine et la production algorithmique, les résultats montrent une convergence troublante. Enthoven, avec son verbiage savamment orchestré, se voit confronté à une machine qui, elle aussi, peut jongler avec les concepts philosophiques et les tournures élégantes.

    Cependant, ce qui est vraiment fascinant ici, c’est l’obstination humaine à prouver que l’intelligence artificielle peut ou ne peut pas atteindre les sommets de l’intellect humain.

    Et si notre quête de vérité nous pousse à chercher des réponses dans une intelligence artificielle, peut-être que le véritable test de Turing est de voir combien de temps il faudra avant que nous admettions que, dans le fond, nous ne faisons que converser avec notre propre reflet numérique.

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  5. leur expérience donnait des textes jugés « faibles » : ils ont ils ont forcé l’IA dans un style littéraire de philosophe bidon parisien a l’enthuven ou BHL, mais sans respecter les codes de l’épreuve de philosophie. Forcément, le correcteur sanctionne. Voici ce qu’a produit mon ‘philosophe’ sur le meme sujet. C’est bien meilleur que le travail de ces collegues. Je lui ai juste avant explique ce qu’etait le bac, ce qu’on attendait de lui, la rigueur, et ce fut fini. Dissertation : Le bonheur est-il affaire de raison ?Introduction (≈ 150 mots)

    Le bonheur, aspiration universelle, paraît à la fois évident et insaisissable. Chacun désire être heureux, mais nul ne s’accorde sur sa définition : plaisir, sérénité, accomplissement ? La question du sujet est claire : le bonheur est-il affaire de raison, c’est-à-dire le fruit d’un effort réfléchi, ou bien relève-t-il d’une spontanéité affective échappant à toute rationalisation ?

    De prime abord, le bonheur se donne comme une expérience sensible et aléatoire : un instant d’amitié, un plaisir gustatif, une émotion esthétique. La raison semble impuissante à produire de tels états. Mais une tradition philosophique, de Socrate aux stoïciens en passant par Spinoza, soutient qu’un bonheur stable exige la maîtrise rationnelle des désirs. Comment concilier ces perspectives ?

    Problématique : le bonheur est-il indépendant de la raison, ou bien la raison peut-elle le guider sans l’étouffer ?

    Nous verrons que le bonheur semble d’abord échapper à la raison (I), qu’il peut néanmoins être consolidé par elle (II), avant de montrer qu’il résulte d’une articulation subtile entre affectivité et rationalité (III).

    I. Le bonheur semble étranger à la raison (≈ 300 mots)

    Le bonheur se manifeste souvent comme une émotion spontanée. On « se sent heureux » sans l’avoir planifié : joie d’un instant partagé, sentiment amoureux, contemplation d’un paysage. Ces expériences n’obéissent pas au calcul rationnel. Comme le rappelle Pascal, la raison tend à projeter sans cesse vers le futur, alors que le bonheur se vit au présent : vouloir rationaliser la joie, c’est déjà la faire fuir.

    De plus, le bonheur paraît dépendre de conditions contingentes : santé, chance, circonstances sociales. Épicure lui-même reconnaissait qu’une vie heureuse requiert au minimum l’absence de douleur et la satisfaction des besoins naturels. À ce titre, le bonheur ne saurait être entièrement produit par la raison : il subit le hasard de l’existence.

    Enfin, vouloir gouverner le bonheur par la rationalité peut le détruire. Rousseau valorisait la spontanéité du sentiment contre les calculs de la raison : aimer ou être ému ne se décrète pas. Ainsi, le bonheur semble davantage affaire de passions et d’affects que de réflexion rationnelle.

    II. La raison peut pourtant être condition du bonheur (≈ 350 mots)

    Si le bonheur n’était qu’émotion, il resterait fragile. Les stoïciens affirment que la sérénité véritable dépend d’une attitude rationnelle : distinguer ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas. Accepter le cours des choses, maîtriser ses jugements : voilà le chemin vers l’ataraxie. La raison n’abolit pas les affects, mais les ordonne pour éviter l’esclavage des passions.

    De même, Épicure propose de hiérarchiser les désirs : seuls les désirs naturels et nécessaires conduisent au bonheur. La raison, en distinguant l’essentiel du superflu, évite frustrations et illusions.

    Kant, quant à lui, rappelle que le bonheur comme satisfaction des inclinations est incertain. Mais en suivant la raison pratique, c’est-à-dire le devoir moral, l’homme atteint une dignité qui rend sa vie cohérente. Même si le bonheur parfait est inaccessible, la raison en garantit une forme plus stable que les plaisirs éphémères.

    Enfin, Spinoza voit dans la connaissance rationnelle la clé de la béatitude : comprendre les causes de nos affects, c’est cesser d’en être esclaves. La joie véritable naît de la compréhension, donc de l’exercice de la raison.

    Ainsi, loin de s’opposer au bonheur, la raison apparaît comme son principe de stabilité et de profondeur.

    III. Le bonheur comme équilibre entre raison et affectivité (≈ 250 mots)

    Réduire le bonheur à la seule raison conduirait à une vie sèche, coupée des élans vitaux. Nietzsche critiquait les rationalismes qui étouffent la puissance de la vie. Inversement, abandonner le bonheur aux passions le rend précaire et dépendant.

    Il faut donc penser une articulation. Aristote parlait du « juste milieu » : la vertu, fruit de la raison, consiste à orienter les passions sans les supprimer. Spinoza lui aussi conçoit la joie comme l’augmentation de notre puissance d’agir, affective et rationnelle à la fois.

    Dans cette perspective, le bonheur n’est pas un pur état affectif, ni une pure construction logique : il est harmonie. La raison éclaire, hiérarchise, tempère ; les émotions donnent chaleur et contenu à l’existence. C’est dans ce dialogue subtil que peut se construire une vie heureuse.

    Conclusion (≈ 100 mots)

    Le bonheur n’est pas uniquement affaire de raison : il surgit dans les émotions et les contingences de la vie. Mais livré aux seuls affects, il reste fragile et aléatoire. La raison, en orientant nos désirs et en ordonnant notre existence, en est la condition de stabilité.

    Ainsi, le bonheur est affaire de raison, mais d’une raison qui éclaire sans étouffer, qui dialogue avec nos affects pour en tirer une harmonie. Être heureux, c’est donc conjuguer lucidité rationnelle et vitalité sensible, plutôt que sacrifier l’une à l’autre.

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